dimanche 4 juin 2006

Beauté

Dürer : La mère de l'artiste.
Dessin. 1514.
Berlin Staatliche Museeun, Kupferstich-Kabinett.

Lorsque Rubens dessina un portrait de son jeune fils, le grand peintre flamand était fier de la beauté de son enfant. Il désirait certainement nous le faire admirer. Mais cette tendance au joli et au plaisant risque de nous faire trébucher si elle nous conduit à écarter des oeuvres traitant d’un sujet moins séduisant. Le grand peintre allemand Albert Dürer a sans doute dessiné le portrait de sa mère avec autant d’amour et de dévotion que Rubens retraçant le visage de son fils.
Cette étude pénétrante de la vieillesse sur le déclin peut nous heurter, mais si nous luttons contre cette répugnance instinctive, nous en
serons grandement récompensés.
Car, dans sa terrible sincérité, le dessin de Dürer est un chef-d’oeuvre. Nous comprendrons assez vite que la beauté d’un tableau ne coïncide pas avec l’agrément de son sujet. (…) La notion de beauté a ceci d’inquiétant que le goût et les canons du beau varient à l’infini.
Histoire de l’art, Ernst Gombrich,
Flammarion, édition de 1990,
Introduction, p 4




Commentaires


Voilà qui est du joli!!!!

Pourquoi donc être heurter par cette vieille femme.La vieillesse, la maladie, la mort.... font partie de la vie.  ;-)

Quel Beau portrait de cette mère burinée par le temps,en  ayant subi les outrages , derrière le "réalisme" , en la regardant, cette femme marquée par le dur labeur de son époque, on peut ressentir les sentiments du fils, comprendre ce que fût leur vie.

Un vrai chef d\\\'oeuvre.

Merci pour ce portrait qui m\\\'a donné l\\\'envie d\\\'aller voir plus loin le travail de Dürer.




Commentaire n°1 posté par mitsou le 04/06/2006 à 20h06
Le travail de Dürer est en tout point sublime, Il a manqué de peu Matthias Grünewald. Tout laisse croire qu il a vu les travaux de celui-ci.

Il est de la même qualité que celui de Holbein, ils sont tous les 2 contemporains.
Commentaire n°2 posté par Elisabeth le 05/06/2006 à 01h33
Les travaux de Dürer sont sublimes. On peut penser qu'il a vu les travaux de Matthias Grünewald, mais qu'ils ne se sont pas rencontrer.


Commentaire n°3 posté par Elisabeth le 05/06/2006 à 01h35
Je rappelle que le texte en italiques est une citation du bouquin de Gombrich...
Ce portrait de la mère de Dürer, je le trouve extraordinaire car au delà des qualités artistiques, plastiques évidentes, il porte vraiment la contradiction soulevée par Gombrich sur l'éternelle question du Beau et de sa définition. Des choses apparemment "laides" (mais, faudrait définir ce que c'est...) sont habitées par cette idée du Beau (à définir aussi).
Boileau écrivait :

"Il n'est point de serpent ni de monstre odieux,
Qui, par l'art imité, ne puisse plaire aux yeux:
D'un pinceau délicat l'artifice agréable
Du plus affreux objet fait un objet aimable."

J'ai une admiration sans limites pour Dürer.
Commentaire n°4 posté par holbein le 05/06/2006 à 09h58
Le dessin de Dürer est vraiment exceptionnel.
Je crois qu'il est de la même année que Saint Jérôme dans sa cellule et la Mélancolie (1514)..et à peu près contemporain du chevalier, la mort et le diable...cela fait curieux de rapprocher ces gravures.
Sur Melancolia, j'avais lu un petit livre de Roger Munnier..je ne m'en souviens pas bien , seulement que je l'avais aimé.
Lylian
Commentaire n°5 posté par Lylian le 06/06/2006 à 22h55
>Lylian : regarder les travaux de Dürer incite à une grande modestie. Et ça fait du bien !
Cette capacité de travail (liée à la qualité constante) est époustouflante.
Je ne connais pas ce livre de Roger Munnier. Le chapitre consacré la gravure de Dürer dans le catalogue de l'exposition Mélancolie est une mine. Passionnant.
Commentaire n°6 posté par holbein le 08/06/2006 à 18h50
Beauté :

Trente sept ans plus tard
trente sept ans que je n’avais pas relu ces pages, avant de faire une recherche et de tomber sur ce site, mais le portrait est resté gravé dans ma mémoire.
votre article date de 2006, nous sommes en 2012
qui nous somme ... de continuer à lire et et relire
ET… je continue avec mon édition de poche :
Merci pour les semailles je suis au CP des Beaux-Arts
Lisez Kandinsky ... et puis l'engrenage... et puis l'oubli... et puis la paresse...
et puis la vanité.. et puis les rencontres imprévisibles où l'on ...long ..long se rend compte et conte que quelque chose reste.
et c'est dans ce reste que je se retrouve.
c'est dans cet imprévisible là que je reste écholier
gratitude un blog débloque encourage.
Lise

Commentaire n°7 posté par latululireli le 01/06/2012 à 18h46
C'est toujours bien de relire Gombrich. Une des phrases rassurantes de ce texte est : " La notion de beauté a ceci d’inquiétant que le goût et les canons du beau varient à l’infini."
Réponse de espace-holbein le 07/06/2012 à 03h45

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