vendredi 29 décembre 2006

Georges PEREC 3.

  Georges Perec
dépeindre



Mais non, lecteur, il ne s'agit pas d'un cabinet d'amateur mais d'un fragment d'une planche contact qui représente la rue Vilin où se trouvait la maison de Georges Perec. Mais c'est vrai que cette accumulation de petites images entassées, qui font fouillis et que l'on perçoit comme un ensemble rappelle la sensation qui peut être la nôtre face à un cabinet d'amateur ou plutôt face à ces tableaux représentant les cabinets d'amateur. Ces cabinets d'amateur ont constitué un genre en peinture et particulièrement en ce qui concerne les Pays Bas au XVIIème siècle.
On le sait, les collectionneurs qui accumulaient leurs œuvres  aimaient montrer l'ensemble de leur collection. Et en renvoyer une représentation en peinture donnait une plus-value à cette collection et enfin, s'y faire représenter soi-même, au milieu de tous ses tableaux et objets d'art, était encore plus valorisant.
Perec s'est pris de passion pour ces cabinets d'amateur et l'on comprend assez bien pourquoi : l'accumulation dans l'éclectisme, la bizarrerie des pièces rencontrées, leur rareté, leur éventuelle disparition, le classement, la collection, la recherche de sens dans l'amoncèlement  ainsi que les effets de mise en abîme ne pouvaient que l'attirer.

Les cabinets d'amateur, il y en eut de célèbres. Perec en cite quelques-un à la page 31, comme Le Christ chez Marthe et Marie, d'Abel Grimmer ou bien la série des Galeries archiducales de Léopold-Guillaume par David Teniers le Jeune (reproduit en couverture de l'exemplaire de «mon ©abinet d'amateur» de Perec...) mais celui qui l'a fasciné, et qui fut à l'origine de son ouvrage Le Cabinet d'amateur, est reproduit dans le billet d'hier : Le Cabinet d'amateur de Cornelis van der Geest lors de la visite des Archiducs Albert et Isabelle, de Willem van Haecht.

 Mais je m'égare. Mon intention, en commençant par la photographie d'une planche contact était aujourd'hui de parler de «la forme» de ces cabinets d'amateur. La forme plastique si particulière. La construction de Perec, lorsqu'on lit ses ouvrages, engage systématiquement dans un tourbillon qui nous éloigne et complexifie à chaque fois notre objet.

«Le principe initial de ces «cabinets d'amateur» fondait l'acte de peindre sur une «dynamique réflexive» puisant ses forces dans la peinture d'autrui»*
fait dire Georges Perec à un certain Lester K. Nowak qui fait paraître une longue étude sur le tableau dans une revue d'esthétique passablement confidentielle (sic)..


Demain j'essaie de recentrer le propos ( peut-être.)



* Un Cabinet d'Amateur, Éditions Balland, 1979, p 30 Georges PEREC

illustration : la rue Vilin, planche contact (détail) ©Pierre Getzler, 1970
 
                   

                 

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