mardi 27 mars 2007

Les KRIMS

Wishful Thinking, Satire Inspired by the Decline of the Left in America
galerie Baudouin Lebon
15 février-21 avril 2007


krims21-250.jpg Les Krims est un photographe américain. En 1974, pour la première fois, Robert Delpire montre son travail en France. La renommée du photographe est internationale et beaucoup de ses tirages font partie des grandes collections aussi bien privées que publiques.

Et pourtant son œuvre, depuis toujours, suscite la controverse.
Pour le situer, il faut d'abord dire qu'il est un des grands représentants de ceux qui mettent en scène la photographie. Il appartient à cette famille de photographes qui préparent longtemps et soigneusement l'espace et les conditions de la prise de vue (à l'opposé de la «street photography», par exemple).

L'image choisie en amorce du billet sur cet artiste n'est sans doute pas représentative du style de Les Krims mais elle incarne bien le souci de la mise en scène dont il est coutumier.

Qu'est-ce qui peut bien caractériser cette démarche artistique qui fait qu'un tirage de Krims est immédiatement identifiable ?
Déjà, Les Krims crée l'artifice. Sa photographie est fabriquée, et ceci de manière très ostentatoire. L'impression immédiate d'une certaine superficialité préside. Le sentiment inverse, de profondeur, de sérieux, d'une grande détermination s'impose ensuite. Et puis, l'extrême profusion est souvent au rendez-vous : la surcharge, l'extravagance, la suproduction et l'envahissement visuel sont des données fréquemment présentes. On pourrait qualifier de baroque ce travail hyperorganisé, fondé sur l'accumulation et l'agencement délirant où l'œil finit par se perdre. Le travail de préparation du décor est impressionnant.


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Au sein de cet espace constitué d'objets proliférants, aux couleurs vives, organisés de manière rigoureuse, des figures, généralement nues, sont installées, à la manière d'objets et prennent la pose.
Cette effervescence visuelle, liée à la nudité des modèles ainsi qu'à la trivialité des objets montrés, produit un certain malaise. On ressent, une volonté, de la part de l'artiste, d'emboîter le pas à une certaine tradition de la transgression et ceci dans plusieurs directions : la nudité (montrée de manière dérangeante), la religion (des symboles sont utilisés à répétition comme la croix, l'étoile de David, la figure de la Sainte, etc.), le mauvais goût affiché, la figure de la mère de l'artiste utilisée de manière non-conventionnelle (photographiée nue par son propre fils et "décorée" de photographies collées sur son corps, ou manipulant son dentier).

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Ce fourmillement qui intègre le grotesque, le gênant, la désacralisation, le superficiel, va interroger celui ou celle qui est amené à rencontrer ces images. Les objets sont intensément en rapport avec le monde du quotidien des Américains. Ce rêve américain dont se sont nourris tant d'individus. Il serait aisé, et rassurant, de dire que Les Krims en fait une critique et montre ici l'envers de ce rêve. Je n'en pas si sûr. Les Krims est forcément conscient des limites et des dérives de ce mode de vie mais force est de constater qu'il demeure, chez ces artistes américains, une part de fascination, y compris pour les éléments et les pratiques les plus détestables de ce Way of Life (à l'instar de ce qui se passait déjà dans la tête des artistes du Pop art comme Andy Warhol, par exemple).
Plusieurs facettes de ce travail sont passionnantes : on voit l'intérêt pour l'histoire de l'art et le questionnement que cela engendre ; on voit également à la fois les influences, les correspondances, les goûts, voire les amitiés pour d'autres artistes ; en vrac : Diane Arbus, Martin Parr, Sandy Skoglund, Duane Michals, Lucas Samaras et même Claude Monet...
Il faut attirer l'attention sur l'importance des titres (souvent extrêmement longs, et qui excèdent
, parfois, la fonction d'un titre) et l'inclusion de ces titres dans le champ de l'œuvre.

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Nous connaissions les tirages argentiques, soigneusement encadrés, de Les Krims. Aujourd'hui la galerie Baudouin Lebon présente de grandes impressions couleur accrochées par des pinces à dessin selon un mode d'accrochage accumulatif allant dans le sens et l'état d'esprit des photographies de l'artiste. Ceci confère beaucoup d'intérêt à l'exposition.


illustrations :

-site de la galerie Baudouin Lebon
-site de Les Krims
-site Wantedparis.com
-photographies de l'auteur (galerie Baudouin Lebon)



- site de la galerie Baudouin Lebon.
- site de Les Krims




Commentaires

je pensais avoir raté cette expo qui, selon une autre source, se serait achevée le 17 mars. Les erreurs peuvent être douces! J'ai repéré, depuis quelques jours, sur le site puis dans la galerie Wanted, une photo de Les Krims intitulée "Feeding Jesus Stawberry Ice Cream with a small Spoon Mary Miracle" qui me plaît beaucoup: il y a une moto, un dragon et ... une Madone et des anges. L'agencement est parfait et le climat irrévérencieux , grotesque, sûrement sarcastique mais aussi magique et joyeux..comme une ice cream on fire !
Merci pour l'agenda exact de la galerie Baudoin Lebon!
Commentaire n°1 posté par Ch le 04/04/2007 à 22h20
Oui, effectivement, celle-ci, je ne l'ai pas mise (il fallait faire un choix) ; elle est intéressante. Travail numérique. Il faut aller voir l'accrochage de Baudouin Lebon qui nous présente Leslie Krims autrement.
Commentaire n°2 posté par holb le 07/04/2007 à 09h35

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