samedi 5 juillet 2014

Anish Kapoor & James Lee Byars

  Anish Kapoor & James Lee Byars
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  Étonnante exposition de deux artistes majeurs du XXe et XXIe siècle : l'un vivant, extrêmement présent sur la scène artistique, et l'autre décédé il y a une vingtaine d'années. L'un est Indien d'origine et vit dans le monde anglo-saxon (à Londres plus précisément), l'autre était Américain et passionné par le monde oriental (l'Égypte où il est mort, d'ailleurs). Anish Kapoor et James Lee Byars se sont connus huit ans, semble-t-il.
           
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 Quatre œuvres de chaque artiste sont présentées dans l'exposition. Seulement huit œuvres mais des œuvres somptueuses qui emplissent l'espace de cette galerie. L'impression parfois que les murs peinent à résister à la puissance de ce qu'ils contiennent et protègent. Qu'il s'agisse d'œuvres monumentales (4) ou de taille plus réduite (5), James Lee Byars irradie l'espace, l'emplit de sérénité, d'une espèce d'autorité qui évacue toute coercition directe. Les formes sont pures : cercles, demi-sphères, arêtes arrondies, polissage extrême, formes lisses et régulières, blancheur du matériau ; James Lee Byars était connu pour son mysticisme et les œuvres qu'il a laissées en conservent les traces.
           
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  Les deux artistes occupent des registres très différents mais ce qui frappe dans cette confrontation c'est la présence du matériau, sa présence active, centrale, qui détermine l'œuvre systématiquement. Autant la volonté de pureté, de fluidité, d'évanescence, était constitutive de l'œuvre de James Lee Byars, autant a contrario, la nature brute du matériau participe violemment au principe actif de chaque pièce d'Anish Kapoor (1, 6)
 
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  Dans les deux cas, nous constatons une évidence des moyens utilisés qui produit des effets d'une grande efficacité sculpturale.  
           
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  Cette efficacité sculpturale se manifeste y compris lorsque les artistes semblent jouer l'écart : la "toile" (9) de Kapoor (pigments et fumée) qui excède la définition de la peinture et qui est adossée au mur -telle une sculpture- rappelant ainsi Deposition (6), le lourd objet en équilibre et son épaisseur convulsive  cimentée ; ou d'une manière complètement différente, la présentation en vitrine d'un coussin de marbre extrêmement blanc et poli qui, malgré le poids évident de l'objet, produit un effet de légèreté et de préciosité (dans cette œuvre, Eros,  de Byars (10).
   
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  Eros, (12) forme ronde, lisse, blanche et parfaite, irréprochable, inabordable, douée d'un orifice central mais expurgée de tout détail qui la rendrait anecdotique ; forme qui se regarde, s'observe à travers les vitres d'un petit autel. Le titre reste énigmatique comme tant d'autres dans l'exposition, et ceci mériterait un développement. Non loin de l'Eros blanc, un cadre, monochrome noir aux lettres d'or : THE PERFECT PERFORMANCE IS TO STAND STILL. Là encore, un texte, véhicule d'une extrême ouverture, fait de lettres précieuses installées au centre d'un champ noir infini (13).
   
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  Quelle est donc la finalité d'une telle confrontation ? Quelle est l'intention de Kapoor ? Le risque était grand pour lui : se confronter à un aîné de cette taille, un artiste animé d'un tel besoin d'absolu, et un artiste mort de surcroit... 
   
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   Aucune enflure chez l'artiste vivant, aucun désir malsain de se mesurer, aucun besoin de s'appuyer sur une valeur sûre dans le but d'exister à son tour. Anish Kapoor n'en a pas besoin, son œuvre est déjà là, forte, puissante et subtile. L'exposition renvoie la sensation d'échange, d'intimité des deux œuvres malgré leurs différences et les paradoxes qui les travaillent.
           
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  Une sorte d'activation mutuelle se manifeste, une communauté des sensations se jouant des formes. Le traitement des matériaux transporte l'objet ailleurs. La grande palette à l'or de James Lee Byars orientée vers le ciel sert de réflecteur et renvoie la lumière vers les vingt cubes transparents d'Anish Kapoor, qui ont capturé et figé l'immatériel, l'air ambiant, celui que nous respirons, symbole de vie, matérialisé comme autant de petites sculptures traversées par la lumière dorée. La force et la fragilité.
           
           
           
           

références  

 

1. Anish Kapoor, Cosmobiology, 2013, résine, 128x126 x500cm

2. Anish Kapoor, Cosmobiology, 2013, résine, 128x126x500cm

3. Anish Kapoor, Cosmobiology, 2013, résine, 128x126x500cm

4. James Lee Byars, The Capital of the Golden Tower, 1991, acier inoxydable, or, 125x250x250cm

5. James Lee Byars, The White Figure, 1995, marbre, 20x45x170cm

6. Anish Kapoor, Deposition, 2012, ciment, 270x153 x100cm

7.  Anish Kapoor, Deposition, 2012, ciment, 270x153 x100cm

8.  Anish Kapoor, Deposition, 2012, ciment, 270x153 x100cm

9.  Anish Kapoor, China Landscape, 2007, huile sur toile et fumée, 2135x153 x23cm

10. James Lee Byars, Eros, 1990, marbre 

11. Anish Kapoor, Floating Dawn, 2011, 20 cubes acrylique disposés sur deux lignes de 10, 35x28x28cm chaque.  + James Lee Byars, The Planet Sign ,1981, feuilles d'or sur cadre de l'artiste, 500cm de diamètre 

12.  James Lee Byars, Eros, 1990, marbre 

13. James Lee Byars, The Perfect Performance Is To stand Still, lettres d'or sur papier de soie noir, 9,5x9,5cm 

14. Anish Kapoor, Floating Dawn, 2011, 20 cubes acrylique disposés sur deux lignes de 10, 35x28x28cm chaque

15. Anish Kapoor, Floating Dawn, 2011 + James Lee Byars, The Planet Sign ,1981

16. Anish Kapoor, Floating Dawn, 2011

17. James Lee Byars, The Planet Sign ,1981

18. Anish Kapoor, Floating Dawn, 2011 + James Lee Byars, The Planet Sign ,1981

  

Anish Kapoor & James Lee Byars

27 mai-26 juillet 2014
 

Galerie kamel mennour

47, rue Saint-André des arts
6, rue du Pont de Lodi
75006 Paris

 

 

www.kamelmennour.com

 
           
           
           
           

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