dimanche 5 octobre 2014

Martel de Janville, 2014


Sur la route en lacets qui monte vers Plaine-Joux, à la hauteur de l'ancien sanatorium.


En 2014, la rénovation est terminée. Inscrit à l'inventaire des Monuments Historiques depuis le 15 mai 2008, le sanatorium Martel de Janville est reconverti selon un nouveau programme qui voit notamment l'émergence de 130 appartements qui ont été vendus assez vite, nous dit-on.

Le reconversion, l'esprit d'une époque (document du CAUE74)

extrait de la plaquette promotionnelle :

C’est à l’architecte Marc Rolinet qu’a été confié le projet de rénovation de Martel de Janville, joyau de l’architecture Art Déco des années 30.
En accord avec l’Architecte des Bâtiments de France, il avait pour projet de redonner à l’immeuble son lustre et ses couleurs d’origine, tout en portant un grand soin au choix des matériaux, un défi qui a été largement relevé.


photographie historique -source- façade sud du sanatorium dans sa couleur d'origine © AVSHA.


Effectivement les couleurs d'origine du bâtiment conçu par Pol Abraham et Henry Jacques Le Même étaient bien celles-ci. 


Le blanc dont il avait été recouvert dans les années1970 à l'occasion d'une rénovation, lui donnait un aspect plus neutre.


Mais ce blanc qui s'écaillait laissait finalement réapparaître le orange initial.

mobilier Martel de Janville, Jules Leleu, Jean Prouvé,  Cité du design de St Étienne
Ces couleurs orangé et rouge avaient été pensées dès la conception jusque dans les détails du mobilier réalisé par  Jules Leleu et Jean Prouvé.



Lit avec chevet incorporé démontable en tôle plié. Réalisé en 34-35 pour le sanatorium de Martel de Janville, Jean Prouvé


musée des années trente, Boulogne-Billancourt
Jean PROUVE (1901-1984) & Jules LELEU (1883-1961)
Chaise longue à dossier oblique et assise ondulante en treillis métallique tendu sur une structure tubulaire en métal laqué  reposant sur quatre pieds joints par deux entretoises latérales.
104 x 140 x 69 cm.

source

Fauteuil roulant Martel de Janville attribué à Jean Prouvé

source


2014, comme autrefois, l'accès à Martel de Janville se fait par l'arrière du bâtiment. La couleur d'origine est retrouvée. On imagine l'été ou le printemps lorsque la couleur orange perce le vert de l'immense forêt qui l'entoure.


Les fenêtres d'angle constituent une des signatures de Pol Abraham. On retrouve les fenêtres rondes dans lesquelles se détachent les formes carrées des ouvertures.


Hall d'entrée sobre. Les carrelages d'origine ont été préservés. Inscription du rond dans le carré ou l'inverse (fenêtres). Les tons de gris deviennent la constante. Le rouge vif -que l'on va retrouver aux étages- est là pour donner du caractère et ponctuer des perspectives de couloirs qui pourraient engendrer ennui ou inquiétude.


L'essentiel de ce qui constituait l'origine des escaliers est maintenu ou réhabilité (rampes, carrelages, verres).


La réhabilitation semble se soucier du soin apporté aux détails par leurs concepteurs, Abraham et Le Même.


Dans un bâtiment conçu en hauteur, érigé dans un environnement fait de dénivellations naturelles et souvent violentes, les points de vue sont à prendre en compte. La couleur peut  espérer y jouer un rôle.


Par une des fenêtres d'escalier. Point de vue sur l'arrière de la construction. La couleur est extrêmement présente et reste un acteur fort de cette rénovation.


Les longs couloirs qui desservent désormais les appartements, ont été retravaillés tant dans leur longueur que dans la hauteur des plafonds. La couleur -en liaison à la lumière naturelle- joue un rôle actif. Le rouge fait évidemment référence au mobilier de Jean Prouvé qui équipait les 170 chambres du sanatorium.


Autre perspective de couloirs. Les gris deviennent colorés et changent en fonction de la lumière du jour.


Quelques ouvertures et


quelques percées.


De nouveau dehors.


On longe le bâtiment par l'arrière.



Un coup d'œil au dos du bâtiment adossé à la montagne.


L'édifice est contourné pour atteindre la façade exposée. On remarque le travail qui a été fait sur les balcons : la couleur a été retrouvée mais des protections métalliques (treillis fin) ont été rajoutées.




Je n'ai pas eu accès aux intérieurs mais il est facile de trouver des photographies de ces appartements à louer sur internet. En voici quelques-unes :


source

Précisons que les liens qui figurent sous chaque photographie sont uniquement destinés à identifier les sources et ne sont pas ici à titre commercial puisque je n'entretiens aucun intérêt avec les professionnels qui gèrent ce commerce immobilier.








source

Ces trois dernières photographies sont intéressantes  car elles laissent apparaître la structure en arc de l'ancienne salle à manger  de Martel de Janville. Cet espace étant très volumineux, très haut de plafond, le cabinet d'architectes chargé de la rénovation a décidé d'en faire des duplex.
Même si le résultat paraît soigné, on regrettera bien sûr le fait d'avoir fractionné et compartimenté ce volume qui était pensé pour être vu et vécu dans sa forme globale. Le grès-cérame, organisé en motifs originaux au sol et qui était une partie importante de cette conception, disparaît, de fait.

Martel de Janville, ancienne salle à manger (cliché Bernard Théry, sept. 2010)


Rappelons-nous la structure en arc de l'ancienne salle à manger et son volume (ici photographié en 2010 : on peut d'ailleurs constater sur cette photographie les dégradations qui s'étaient encore accentuées). 





Alors, l'opération Martel de Janville a-t-elle été bénéfique ? A-t-elle servi à sauver cette architecture de l'oubli ou de la destruction ? Était-ce une opération purement financière ? Est-il resté suffisamment de l'esprit de Pol Abraham et Henry-Jacques Le Même dans cette réhabilitation?
Difficile, sans doute, d'émettre une opinion tranchée.



PS, à l'attention de Monsieur d'Ayères (voir commentaires) :


Cher Monsieur d'Ayères, vous me disiez (il y a quelques jours) :"cette nuit, j'ai rêvé de teintes rouges. Quelle interprétation en feriez-vous?"
Ce à quoi, je vous répondais, cher Monsieur d'Ayères :"Êtes-vous bien sûr d'avoir rêvé ? En effet, le rouge semble être celui du soleil couchant qui ne se laisse pas impressionner par celui des cuirs des banquettes et des velours du mobilier de Martel de Janville."
Auriez-vous, je vous prie, l'amabilité de regarder cette photographie que j'ai prise, il y a maintenant cinq ou six ans :


Ne voyez-vous rien ?
Je vais  essayer d'agrandir un détail :


Le feu est aux rêves !

;-)




photographies personnelles excepté toutes celles mentionnant leur source.
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